Cet article a pour but d'expliquer les manières de se mettre
en règle pour vendre occasionnellement vos
réalisations. Activité qui pourra prendre de
l'ampleur si vous le désirez, mais nous
considérerons, pour commencer, que votre chiffre d'affaire
de départ sera modeste, et/ou que vos ressources principales
sont autres.
Je rappelle que la vente de vos réalisations neuves, doit être
réalisé dans un cadre juridique explicite.
Dés que vous vous présentez comme vendeur, vous
devez pouvoir justifier d'un statut en cas de contrôle.
(Toutefois, une tolérance est permise pour les ventes de
pièces d'occasions, lors des braderies et vide
greniers, du moment que cette activité de vente a un
caractère très occasionnel d'amateur.)
Dans le cadre qui nous
intéresse je relève trois options
intéressantes:
1/ Déclarer son activité en tant que
auto-entrepreneur
2/ Demander son affiliation à la "Maison des artistes"
3/ Créer une association loi 1901
Et je terminerai par quelques informations complémentaires
et quelques liens.
1/ Déclarer son activité en tant que
auto-entrepreneur (depuis le 1er janvier 2009)
Ce nouveau statut de l'auto-entrepreneur permet à tout le
monde de démarrer légalement une
activité lucrative (sans être
immédiatement écrasé par des
cotisations forfaitaires comme c'était très
souvent le cas avant). Le paiement de toutes les charges (fiscales,
sociale, retraite,...) se fait en un seul versement, proportionnel à
ses déclarations, même à partir de 0
euro. Il est appelé "versement unique
libératoire" et se porte à 13% de votre chiffre
d'affaire H.T. (12% social & retraite + 1% fiscal) et ce, pour
une activité de vente de marchandises.
Dans ce cadre: pas de revenu = pas de déclaration = pas de
cotisation.
Cà c'est la théorie, sauf que depuis 2010,
surprise: invention de la cotisation économique
territoriale (CET), voir plus bas.
Un imprimé simple et rapide à remplir démarre votre
inscription et vous permet d'obtenir rapidement un numéro
SIREN.
Condition pour bénéficier de ce statut:
être français (sans distinction de situation,
exemple: chômeur, étudiant, retraité,
fonctionnaire,...), et déclarer un chiffre d'affaire
toujours inférieur à 80000 euros (en cas de
dépassement, vous basculez dans le système
"traditionnel" de déclaration: avec un statut fiscal
à établir, un autre social, un autre pour la
retraite)
Remarque: Dans ce cadre vous serez en franchise de TVA (vous ne
facturez ni ne récupérez la TVA). Cette nouvelle
activité lucrative n'est
pas prise en compte par votre assurance personnelle, de plus en cas
de faillite professionnelle: vos bien personnels peuvent
être saisis (sauf déclaration notariée
d’insaisissabilité préalable).
Attention:
- Vous ne cotisez pas à l'assurance chômage dans ce cadre
là. En conséquence, si votre statut d'auto-entrepreneur
est votre seule activité, alors au bout d'un délais deux
ans vous ne pourrez plus bénéficier d'allocation chomage
par la
suite en cas d'arrêt ce cette activité.
- Vous ne cotisez pas pour la formation professionnelle. Vous ne pouvez
donc pas bénéficier de financement pour un stage, avec ce
statut.
- Les travailleurs indépendants n'ont pas de couverture
spécifique accident du travail puisqu'ils ne cotisent pas pour
ce risque.
- Il y a un chiffre d'affaires minimum à atteindre pour
valider vos trimestres de retraite, qui est de 10500 à 24000
euros en fonction de l'activité exercée. En dessous vous cotisez quand même, mais c'est
perdu.
- Depuis fin 2010: l'invention de la cotisation économique
territoriale (C.E.T.) risque de vous matraquer en cas de très
faible revenu. Cette taxe se décompose en [Cotisation
Foncière des Entreprises (CFE) + Cotisation sur la Valeur
Ajoutée des Entreprises (CVAE)]
Je vous conseille de choisir l'option "prélèvement fiscal
libératoire" lors de votre inscription d'auto-entrepreneur, car
elle qui vous exonère de la première taxe (CFE) pendant
deux années. La deuxième taxe (CVAE) ne vous touchera pas
car elle ne concerne que les entreprises au chiffre d'affaire
très élevé.
Et au bout de ces deux ans d'exonération ? Je suggère de
cloturer votre compte, puis ré-ouvrez-en un autre pour 2
années de plus d'exonération, si vos revenus reste
très faible, pour éviter d'avoir à payer plus de
taxe que vos bénéfices.
A propos, quel est le montant ce cette taxe (la CFE) ?: Son
montant varie selon la valeur locative des biens fonciers
utilisés par l’auto-entreprise (donc en
général c'est celui de sa maison). Une cotisation
minimale est exigée et sa base d’imposition est
fixée par le conseil municipal (entre 200 et
2 000 €). Il faut donc voir avec votre mairie.
2/ Demander son affiliation à la "Maison des artistes"
Si vous vous considérez comme un créateur
d'oeuvres artistiques originales, vous pouvez contacter directement la
Maison des Artistes. Dans ce cadre, cette association devient le
guichet unique pour les cotisations sociales: maladie, vieillesse, CSG
et CRDS, et ses adhérents cotisent proportionnellement
à leurs revenus professionnels:
Maladie / maternité/ veuvage : 0.85 %+ Vieillesse : 6.55 % +
CSG : 7.5 % + CRDS : 0.5 %
Total: 15,4% de cotisation sur vos ["bénéfices
non commerciaux" + 15 % de ceux-ci]
Vous aurez droit à la protection sociale si votre
[bénéfice artistique +15%] est
supérieur à 7596 € (pour 2008, soit 900
fois le SMIC horaire)
Les conditions pour être recevable:
- Il faut que l'activité artistique entre dans le champ
d'application du régime (se référant
à l 'annexe III de l'art. 71 du CGI). En
résumé : Pour déterminer si vous
êtes recevable, la Maison des artistes va vous demander des
photos de vos oeuvres. Inutile de leur présenter des
coliers ou petits sujets en verre filés. Mais vous aurez une
chance en leur montrant des formes abstraites d'art contemporain
nomées "sculpture", non montés et non assemblés avec
des apprêts. Et cela
sera certainement plus facile si vous pouvez justifier d'une bonne
renommée de vos oeuvres (liste d'expositions dans des
galeries, articles dans des magazines,...).
Quoi qu'il en soit, si vous êtes accepté, vos
oeuvres doivent être des pièces uniques, non
fonctionnelles (théoriquement),
réalisées par vous uniquement et
signées. Si vous souhaitez proposer des cours ou des stage,
la Maison des artistes le tolère, mais plafonne ce type de
revenu dans ses calculs. Donc vous aurez éventuellement
besoin d'un autre statut si vous dispensez souvent votre enseignement.
Mais attention : officieusement la Maison des Artistes est
méfiante envers les postulants: ils
ont peur que des artisans s'immiscent dans leur système. Par
exemple, "l'artisanat d'art" : ce n'est pas de l'Art pur pour eux, et
donc dans ce cas ils vous renverront. La frontière n'est pas
nette bien sur et c'est très subjectif finalement. On notera
à ce sujet que si vous êtes très
célèbre comme artiste, la Maisons des artistes est alors
prête à fermer les yeux sur certains de ses propres
critères pour accueillir votre renommée en son
sein.
3/ Créer une association loi 1901
La loi 1901 relative aux associations à but non lucratif
peut nous intéresser, car dans ce cadre vous avez le droit
de financer une activité artistique par des ventes
exceptionnelles de vos oeuvres.
Mais voici les restrictions :
- Une association comme son nom l'indique est un rassemblement de
personnes, et non pas l'artiste tout seul. Il faut être deux,
minimum, pour la créer (coût : 39,06 Euros). Mais
elle doit réaliser un but social grâce
à ses adhérents (exemples: "Développer
sa créativité" ou " Transmettre des
compétences techniques" ou encore "Faire connaître
cette discipline"...). Dans ce cadre, vous devez donc avoir des
camarades artistes associés à votre projet.
- Une association doit être gérée de
manière désintéressée : pas
de rémunération. Ainsi tous les
bénéfices doivent être
réinvestis dans son fonctionnement (exemple :
matériel, matières premières, location
d'un local d'expo ou de travail, mais aussi: ordinateurs, abonnements
à des revues spécialisées, frais de
déplacement, de repas, de stages dispensés aux
adhérents par des intervenants, etc...)
- Une association ne doit pas concurrencer les entreprises (= le
secteur lucratif). Je vous avoue que pour moi l'appréciation
de ce principe reste floue et interprétable, car du moment
que vous vendez il y a forcément plus ou moins concurrence
avec les magasins... Disons qu'elle ne doit pas être
à l'évidence créée dans ce
seul but.
- Vous aurez le droit d'organiser ou de participer à six
manifestations exceptionnelles de ventes dans l'année, et
d'être exonéré de TVA et toutes
impositions à ces occasions. Vous pouvez donc vendre des
articles réalisés dans le cadre de l'association,
mais les recettes doivent être destinées
uniquement à apporter des moyens financiers en vue de
réaliser l'objet social de l'association. Aucune
formalité préalable n'est nécessaire.
A part cela, la tenue d'un cahier des comptes financiers est
obligatoire (pour justifier des mouvements financiers lors d'un
contrôle). (Vous avez le droit d'ouvrir un compte bancaire au
nom de l'association). De plus, une assemblée
générale annuelle des adhérents est
obligatoire pour voter l'approbation du budget.
Il est vrai qu'une association peut employer des salariés.
Mais alors, sur ce point, elle est considérée
comme une entreprise par les organismes sociaux (donc: cotisations
salariales, patronales, etc...)
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Bon a savoir également:
Si vous désirez plutôt vous lancer à
fond dès le début en prévoyant des
revenus importants et certains, alors notez:
1/ L'intérêt de la LOI DUTREUIL
Loi pour l'initiative économique (dite LOI DUTREIL) (Loi
N° 2003-721 du 1 er août 2003)
Cette mesure concerne les salariés créateurs (ou
repreneurs) d'activité et permet d'obtenir une
exonération des charges sociales pour une période
de 12 mois (exonération limité à 120%
du SMIC). Pas d'exonération pour: la CSG & RDS et
retraite complémentaire.
Conditions :
- l'assuré doit formuler sa demande rapidement (avant la fin
de la période d'exonération).
- l'assuré doit justifier de 910 heures
d'activité salariée dans les 12 mois
précédant le début de la
création ou de la reprise d'activité et de 455
heures d'activité salariée après la
création ou la reprise de l'entreprise.
ou
- être bénéficiaire de l'allocation
parentale d'éducation ou du complément libre
choix d'activité.
Si vous êtes chômeur (ou
bénéficiaire du RMI, ASS, API, ACI ), L'ACCRE
(L'Aide aux chômeurs créateur d'entreprise) permet
cette même exonération.
Cette exonération est renouvelable 24 mois de plus sous
conditions.
2/ Si vous vous présentez (dans un C.F.E.) en tant
qu'artiste pour bénéficier du statut de
profession libérale (art plastique), voici les
chiffres:
- Cotisations Sociales: (URSSAF: 5,4%+CRG7,5%+RDS0,5%+maladie
maternité: 6,5%)= 19,9% des revenus professionnels
(exonération si vos revenus professionnels sont
inférieurs à 4489 euros en 2008)
Mais si, vous optez pour le régime micro-social (en cas de
recette professionnelles inférieur à 32000 euros
H.T.), alors dans ce cas paiement d'une cotisation
"libératoire" de 18,3% du chiffre d'affaire (pour les
professions libérales), dès 0 euros (= pas
d'exonération). Dans ce cas: pas de cotisation retraite.
- Prélèvement fiscal:
Avec le régime "micro-fiscal": payement d'une
prélèvement "libératoire" de 2,2% du
chiffre d'affaire (pour les professions libérales), si votre
revenu fiscal est inférieur à 25195 euros par
part de quotient familial. (Dans ce cas: franchise de TVA)
- Cotisation retraite:
CIPAV (Caisse Interprofessionnelle de Prévoyance et
d'Assurance Vieillesse)
Régime de
croisière : 8,6 % du revenu compris entre 0 et 29162 Euros,
(plus 1,6 % du revenu compris entre 29162 euros et 1171540 euros ).
La cotisation plancher minimale est de 150 euros /an (dans
les cas de revenus inférieurs à 1742 euros). Plus
76 euros facultatifs pour le régime invalidité
décès. Pas de cotisation pour la retraite
complémentaire obligatoire si vos revenus sont
inférieurs à 5146 euros.
Mais vous avez le droit d'être
totalement exonéré de cotisation à la
CIPAV dans les cas suivants :
- Vous payez déjà une cotisation
"libératoire"
- Vous pouvez justifier que votre activité
libérale est exercée à titre
accessoire.
- Vous êtes retraité
- Vous bénéficiez de la loi Dutreil
Liens utiles:
http://www.lautoentrepreneur.fr/
http://www.lamaisondesartistes.fr/index.php
http://fr.wikipedia.org/wiki/Association_loi_de_1901
http://www.toutpourlesassociations.com/doc/
http://www.cipav-berri.org/
http://www.unasa.org/pubs/installation/gestion/installation.pdf
http://www.apce.com/pid643/accre.html
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